Le comité médical applique une nouvelle méthode de reconnaissance des guérisons, qui prend en compte l'évolution de la médecine. Crédits photo : ASSOCIATED PRESS
Cinq personnes, quatre femmes et un homme, ont été guéris ces dernières années après leur pèlerinage sur le lieu saint.
Ce ne sont pas des «miracles» en bonne et due forme, mais le comité médical international de Lourdes a reconnu, hier, cinq «guérisons». Pour qu'elles aient le statut de «miracles» - au sens des 67 miracles enregistrés à Lourdes - il faudrait que l'évêque du lieu de résidence de l'une des cinq personnes concernées (leur identité est protégée) le reconnaisse théologiquement comme une «guérison miraculeuse».
La nouveauté de l'information ne vient pas de son aspect «extraordinaire». 48 déclarations de phénomènes de ce type sont déposées en moyenne chaque année au bureau médical de Lourdes. Soit une par semaine en dehors de la période hivernale peu fréquentée par les pèlerins. La nouveauté vient plutôt de la réforme de la procédure de reconnaissance des guérisons voulue par Mgr Jacques Perrier, évêque de Tarbes et Lourdes en 2006. La liste publiée lundi est issue de la première application de cette réforme.
Sept critères
Ce ne sont pas des «miracles au rabais», observe le professeur François-Bernard Michel, coprésident avec Mgr Jacques Perrier du Comité médical international, mais il est apparu que les critères anciens, qui reposaient sur des méthodes de diagnostics médicaux du XIXe siècle, ne pouvaient plus recouper la finesse de la médecine actuelle et encore moins la puissance des traitements d'aujourd'hui.
Ainsi le critère d'une guérison «strictement organique» ou celui d'une guérison «sans aucun traitement médical», deux des sept critères pourtant indispensables, ne peuvent plus s'appliquer ne serait-ce que parce tous les malades qui arrivent à Lourdes ont tous subi un traitement médical. Résultat : des centaines de cas déposés au fil des ans au bureau médical du sanctuaire sous la responsabilité du docteur Patrick Theillier, finissaient aux oubliettes alors que «quelque chose s'était passé» dans la vie de ces pèlerins.
La réforme mise en place a donc consisté, non pas à alléger l'exigence médicale, mais à l'appliquer autrement. En deux étapes, essentiellement. Le bureau médical traite les dépositions et, assisté de plusieurs médecins lourdais, décide ou non de transmettre tel ou tel dossier au Comité médical international de Lourdes. Ce Comité, composé de vingt membres internationaux, professeurs de médecine ou spécialistes éminents, examine alors les dossiers médicaux, avant et après la guérison. Et fait la part des choses entre «l'effet thérapeutique» et «l'éventuelle intervention surnaturelle». En intégrant, précise-t-on à Lourdes, l'influence des «faits psychosomatiques» ou les possibles «guérisons spontanées».
Après l'examen des dossiers et, si nécessaire, les avis complémentaires extérieurs, le Comité se réunit une fois par an et vote, à l'exception de l'évêque. Seuls les cas qui obtiennent plus des deux tiers de ces voix médicales sont retenus.
«J'avais prié pour les autres»
Lundi, les cinq cas, issus de cette nouvelle méthode d'analyse, ont donc été rendus publics. Quatre femmes et un homme, âgés de 40 à 69 ans. Trois ont été «guéris» en 2004, un en 2002. Sclérose en plaque, suite d'un traumatisme du rachis cervical… Tous, pas forcément croyants, ont affirmé avoir ressenti une amélioration pendant ou à la suite d'un pèlerinage à Lourdes. Ainsi, le témoignage de «Mme B.», publié sous la responsabilité du sanctuaire de Lourdes. Elle est aujourd'hui âgée de 53 ans. À 34 ans, elle était en fauteuil roulant. Le bilan hospitalier n'avait pas conclu à une myopathie caractérisée mais elle souffrait de faiblesses musculaires des membres inférieurs, évoluant en asthénie majeure douloureuse avec des chutes.
En juin 2004, elle accomplit son sixième pèlerinage à Lourdes. Elle raconte : «Chaque fois, j'avais prié pour les autres et demandé des forces spirituelles mais jamais je n'avais prié pour demander ma guérison physique […]. J'ai terminé ma prière. Il ne s'est rien passé de particulier. Simplement je me suis levée, j'ai commencé ma journée, j'ai travaillé, marché […]. Je n'avais plus aucune fatigue, plus aucune douleur, j'avais retrouvé toutes mes forces. J'ai rangé mon fauteuil roulant et je n'ai plus jamais eu besoin de l'utiliser.»
Pour les responsables de Lourdes cette nouvelle méthode devrait permettre de mieux rendre compte des «grâces» reçues en ce lieu. En 150 ans, l'Église n'a en effet reconnu qu'un miracle pour mille déclarations de guérisons.
0 comentários:
Enregistrer un commentaire