dimanche 2 novembre 2008

Barack Obama vend son "rêve américain" à la télé américaine

New York, correspondant

"La vie est courte. Il faut saisir les occasions..." Pour Barack Obama, l'heure était à la sincérité, mercredi soir 29 octobre. Cette réflexion, le candidat démocrate à l'élection présidentielle américaine l'a développée au détour de la mémoire de sa mère, morte d'un cancer à 53 ans. C'est sa disparition qui lui a fait comprendre combien le temps était compté. On pouvait comprendre : "lui" était compté… M. Obama s'offrait une première dans l'histoire électorale américaine : trente minutes d'espace publicitaire acheté sur sept chaînes télévisées , dont trois grandes chaînes nationales (CBS, NBC, Fox). L'exercice, selon les spécialistes en communication, fut plutôt réussi. Coût estimé : 45 millions de dollars. Auteur : Davis Guggenheim, réalisateur oscarisé du film d'Al Gore, Une vérité qui dérange.

Un exercice rendu possible par la manne financière dont bénéficie M. Obama. Une manne très supérieure à celle de son adversaire, le républicain John McCain. Ce dernier, avant même la diffusion du film, avait dénoncé "une publicité vaporeuse payée avec des promesses non tenues", une allusion à l'engagement de M. Obama d'accepter une campagne équitable par le biais du financement public, auquel il a renoncé dès sa nomination par le Parti démocrate.

A un moment où la confiance des Américains dans leur économie est vertigineusement en berne, 90 % du temps d'antenne a été consacré aux questions qui les taraudent : le coût de l'éducation, du logement, de la santé, l'incertitude de l'avenir. Fil conducteur du message délivré : "honorer la dignité du travail" et "rétablir l'équité dans l'économie", positiver aussi, trois conditions pour que le "rêve américain " ne s'évanouisse pas. Car "nous perdons l'Amérique que nous voulons", celle, a rappelé M. Obama, qui se résume en une idée : travailler dur pour mieux investir dans la génération suivante.


Le candidat démocrate surfait là sur un sentiment dont les sociologues constatent l'expansion : la crainte partagée par un nombre croissant de parents que leurs enfants n'aient pas une "vie meilleure" que la leur. M. Obama jouait aussi sur un autre sentiment, très enraciné aux Etats-Unis, la conviction que ce pays est "le meilleur du monde" et que les Américains "s'en sortiront toujours". "Partout, malgré la crise économique, la guerre et l'incertitude du lendemain, je vois de l'optimisme, de l'espoir et de la force ", a noté M. Obama.
 
RIEN N'EST JOUÉ

Tous ceux dont il allait à la rencontre sur l'écran, avant d'intervenir en gros plan – la famille typique blanche de classe moyenne, le couple de retraités noirs dont le mari est retourné travailler, à 72 ans, pour assurer le coût des soins de sa femme qui a perdu son assurance santé; l'ouvrier au chômage technique ; la veuve qui a deux emplois pour payer les études des enfants, etc, – n'avaient pas été choisis au hasard. Presque tous étaient issus d'Etats – Missouri, Ohio, Kentucky – où le candidat démocrate sait que la victoire n'est pas acquise.

Après avoir appelé les citoyens à s'impliquer – "l'Etat ne peut tout faire" – Barack Obama a conclu : "Dans six jours, (…) soyez avec moi, et je vous promets que l'on changera ce pays et le monde entier".

Le sénateur de l'Illinois avait-il besoin d'un show aussi coûteux? Les sondages s'accordent toujours à lui donner 3 à 8 points d'avance à l'échelle nationale. Mais son équipe clame que rien n'est joué. Car dans le système électoral américain, ce n'est pas le suffrage universel, mais la victoire dans le collège des grands électeurs qui prime. Chacun des 50 Etats américains en désigne un certain nombre, au prorata relatif de sa population. Le vainqueur de l'élection dans un Etat rafle tous leurs suffrages. Pour être élu, il faut remporter 270 voix sur un total de 538 grands électeurs.

Pourtant, là encore, M. Obama devance son adversaire dans tous les Etats-clés. Mais, compte-tenu de leur "marge d'erreur" (souvent jusqu'à quatre points par candidat), des Etats où George Bush l'avait emporté en 2004, comme la Floride et l'Ohio, a fortiori l'Indiana, le Missouri ou la Caroline du Nord, où la marge est plus faible, et même le Nevada et la Virginie, où elle est plus importante, pourraient évoluer d'ici au 4 novembre.

Jusqu'au bout, donc, M. Obama poursuivra son effort. Avant la diffusion du film, il est apparu, pour la première fois, avec l'ex-président Bill Clinton, venu le soutenir en Floride.

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